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Thérémine

Le thérémine est un instrument électronique inventé par l’ingénieur russe Lev Termen (1896-1993). Il fut joué publiquement la première fois en 1920 et est actuellement généralement considéré comme le premier instrument électronique.

Pour jouer cet instrument, il n’est pas nécessaire de le toucher. La hauteur de son est modifiée en approchant et éloignant le main de l’antenne verticale. L’antenne horizontale sert quant à elle à modifier l’intensité du son. Le thérémine fonctionne sur le principe de l’hétérodyne, ce qui signifie que le signal audible est le résultat de la combinaison de deux fréquences de base. Deux oscillateurs produisent chacun un ultrason, donc inaudible par l’oreille humaine. L’un est fixe, l’autre est variable (par l’action de la main du musicien). Ce que l’oreille entend est la différence entre les deux fréquences de base.

Vladimir Lenin perçut le potentiel de l’instrument et envoya Termen pour une tournée de promotion à travers la Russie. Afin de démontrer le niveau techno-scientifique du communisme, il fut aussi autorisé à présenter son invention en Angleterre, en France et surtout en Allemagne. Il arriva finalement à New York en 1927 et y résida jusque 1938, année où il disparut mystérieusement de la circulation.

Termen et son thérémine comptèrent un grand nombre de fans aux Etats-Unis. Et pas seulement des musiciens et compositeurs, mais aussi des scientifiques et même le gouvernement américain. Celui-ci était intéressé d’une part par les possibilités techniques du thérémine, mais aussi par le potentiel de l’ingénieur lui-même. Il fut mandaté par le Federal Bureau of Prisons pour construire un détecteur de métaux destiné aux prisonniers d’Alcatraz.

L’instrument fut breveté aux Etats-Unis en 1928 et son inventeur attribua les droits de production à la firme RCA. Mais les hautes ambitions commerciales ne furent pas atteintes et toute l’affaire finit par un grand flop. Sans doute les publicité faite par RCA n’aidèrent pas à vendre l’invention comme un instrument facile à jouer pour tous. Les musicien maîtrisant parfaitement la technique de jeu étaient très rares. On compte Lucie Bigelow Rosen, Samuel Hoffman et surtout Clara Rockmore, la protégée de Termen. Très peu de musique adaptée fut composée avant la seconde guerre mondiale. Le répertoire consistait surtout en arrangements de pièces classiques célèbres, comme par exemple "Le Cygne" de Camille Saint-Saëns.

Après le départ de Termen en 1938, l’intérêt pour le thérémine disparut avec lui. Son objectif de lancer l’instrument dans le monde de la musique était devenu vain. Mais l’instrument ne disparut pas pour autant dans les méandres de l’histoire. Nous construisons-et jouons- encore du thérémine de nos jours, et cela nous le devons à deux genre musicaux où l’instrument connut un véritable revival après la guerre : la musique de film et le musique pop.

L’instrument commença en 1945 dans les films "Spellbound" et "The Lost Weekend". Dans les deux cas, il était utilisé pour exprimer musicalement l’angoisse, le stress et des “sens perturbés”. Mais l’association la plus persistante se fera avec l’espace. Les sons du thérémin (et de nombreux autres instruments électroniques) semblent en effet idéaux pour évoquer l’infini de l’espace, les extraterrestres inquiétants et les OVNIs. “Rocketship X-M” (1950) fut le premier film de science-fiction à utiliser le thérémine. Par la suite, il y eut entre autre "The Day The Earth Stood Still" (1951) et "It Came from Outer Space" (1953). La percée en musique populaire arriva avec "Good Vibrations" des Beach Boys (1966). Mais il faut dire qu’il s’agissait ici d’un électro-thérémine construit par Paul Tanner.[1] D’autres firent encore usage du thérémine, comme Frank Zappa, Jimmy Page  (Led Zeppelin) et Brian Jones (The Rolling Stones).

Le MIM possède deux thérémines. L’exemplaire portant le numéro d’inventaire 4331 (fig.1) fut construit entre 1957 et 1968 par un collaborateur du “Studio de Musique Électronique (de Bruxelles)”, alias “Studio Apelac”. Il fut assemblé selon les  recommandations de l’Allemand Joachim Winckelmann. Dans la série “Deutsche Radio-Bücherei” Winckelmann écrivit en 1933 un manuel de 32 pages indiquant comment construire un thérémine à la maison.

L’autre thérémine (fig.2) fut fabriqué par la firme Big Briar, créée en 1978 par Robert Moog, the godfather of the synthesizer. Moog construisit son premier thérémine à 15 ans. À 19 ans il créait sa première entreprise, R.A. Moog Co. Il commença par vendre des pièces détachées (kits « do it yourself »), puis  fournit des instruments montés et finis.

Texte : Wim Verhulst

[1] Si l'électro-thérémine ressemble au thérémine par son timbre, l'instrument est conçu différemment en termes de construction. À l'intérieur de l'instrument se trouvait un bouton de hauteur relié par une corde à un curseur (à l'extérieur). Le déplacement du curseur modifiait la hauteur du son. La présence de frettes (comme sur une guitare) permettait de jouer correctement les hauteurs.

Démonstration du thérémine

"Le Cygne" de Camille Saint-Saëns par Clara Rockmore