Les musées d'instruments de musique en tant que source et ressource dans le débat contemporain
Mené depuis 2021 par Fañch Thoraval (MIM-MRAH/INCAL-UCLouvain), le projet MaHiOn s’intéresse aux processus d’acquisition, de circulation et d’interprétation des instruments extra-européens durant le long XIXe siècle, en prenant pour point de départ les collections de l’ancien Musée instrumental du Conservatoire royal de Bruxelles.
La formation de ces collections a impliqué un très grand nombre d’acteurs (producteurs, intermédiaires, collecteurs) dont les statuts respectifs, les intérêts, les cultures musicales et même les modes de pensée ont pu fortement diverger. Aussi, la sélection des...
Mené depuis 2021 par Fañch Thoraval (MIM-MRAH/INCAL-UCLouvain), le projet MaHiOn s’intéresse aux processus d’acquisition, de circulation et d’interprétation des instruments extra-européens durant le long XIXe siècle, en prenant pour point de départ les collections de l’ancien Musée instrumental du Conservatoire royal de Bruxelles.
La formation de ces collections a impliqué un très grand nombre d’acteurs (producteurs, intermédiaires, collecteurs) dont les statuts respectifs, les intérêts, les cultures musicales et même les modes de pensée ont pu fortement diverger. Aussi, la sélection des instruments, leur identification et, parfois même, leur facture ont été significativement modelées par des facteurs indépendants de leur contexte original. De même, la compréhension de ces instruments a été conditionnée par des informations souvent parcellaires et médiées, par des conceptions du monde historiquement situées, autant que par des objectifs visant selon le cas à nourrir des aspirations scientifiques ou des imaginaires exotiques.
En étudiant ces instruments de musique acheminés vers l’Europe au cours du xixe siècle, le projet MaHiOn n’entend donc pas seulement documenter l’histoire de traditions musicales aujourd’hui fortement transformées, voire disparues. Basé sur une méthodologie combinant recherche archivistique, observation organologique et enquête musicologique, il permet d’esquisser une histoire des relations internationales où les savoirs musicaux se construisent dans un champ de force défini par des enjeux à la fois commerciaux, diplomatiques, idéologiques et scientifiques.
Parmi les principales réalisations du projet, on peut citer :
- la réévaluation de la genèse de la classification instrumentale de Victor-Charles Mahillon (1877) et de son lien avec les traditions indiennes et le recherche en acoustique ;
- la découverte d’une collection phonographique « mondiale » (1899), unique et contemporaine des grands projets d’archives sonores lancées à Paris et Vienne, mais restée dans l’ombre jusqu’à ce jour ;
- la découverte d’instruments collectés par la Mission de Chine (1843-1845), disparu depuis le retour en 1846 de ces agents envoyés en Chine pour imposer les intérêts commerciaux français ;
- la reconstitution du Musée des échanges (à partir de 1886), une collection officieuse conçue pour échanger des instruments avec d’autres musées.
